lundi 19 décembre 2011

750 : dimanche 18 décembre 2011

Ce serait un ciel d'une grande banalité et qui nous poserait un problème, un ciel d'un bleu franc où glisseraient, si lentement qu'on les penserait immobiles, des nuages très blancs, en énormes flocons, et parce que toi ou moi ou tous deux nous serions d'humeur discutailleuse nous nous interrogerions sur son évolution, sur ce que serait le jour. Parce que je n'aurais pas envie de bouger, je me prononcerais avec belle conviction, et insistance, pour un envahissement progressif, un regroupement, l'installation d'un couvert uniforme, tendant de plus en plus vers le gris, et, triomphalement, pour de la pluie. Parce que tu aurais grand besoin de t'échapper, tu rirais de toutes ces prévisions, ces semblants d'arguments, tu maintiendrais ta proposition d'une longue marche, te ferais aussi lyrique que tu le pouvais – ce n'est guère ton genre – pour vanter la beauté du site qui en serait le but, le plaisir de la marche, et tu parlerais de respirer profondément, grandement, joyeusement... Finalement, tu déciderais de partir seul, puisque vraiment j'étais trop têtue. Tu te préparerais longuement, choisirais tes chaussures, ferais des sandwichs, et je m'enfoncerais dans une lecture, en muette colère. Tu t'en irais. Je poserais le livre. Je commencerais à regretter.

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Au milieu de la place du village les enfants font une ronde et chantent. Leurs voix mêlées font écho à la rumeur des étourneaux dans les feuillages« 4 pas pour voir l’orée du bois, encore 3 pour passer les ronces, 2 pour la lumière de la clairière et 1 pour tourner, tourner sans fin, tourner et s’envoler, le long d’un rayon de Lune, jusqu’aux enfers. » La voix bariolée de ceux qui se tiennent les mains et laissent éclater la joie d’être si près en âme les uns des autres, cette voix fait bientôt cesser tout autre bruit dans le village des Hûles. Bientôt autour des enfants l’ensemble des habitants s’est massé, laissant une petite couronne d’espace vierge entre eux et la ronde. Après avoir continué de tourner quelques temps, ceux qui chantaient se taisent, ceux qui dansaient se figent.