mardi 28 septembre 2010

320 : lundi 27 septembre 2010

La protection de la beauté par la laideur (8) Il ne fallait pas que la zone soit belle d’une autre façon que celle de son passé, de celle qui était la sienne sous les couvercles de protection, les autorités territoriales n’en démordaient pas, ça aurait été selon elles un enterrement du passé et de sa beauté authentique. Pour ceci, on maintiendrait la laideur du présent coûte que coûte et pour une durée indéterminée. Il était exclu d’autoriser la beauté aux structures qui empêchaient les anciens bâtiments d’être vus, et surtout pas de leur permettre d’être un support de l’épaisseur du présent, une forme spécifique qui par-delà les contraintes et les raisons concrètes de son avènement aurait pu ouvrir de nouvelles possibilités initialement insoupçonnées et devenir complexe. Tant que le présent ne pouvait pas être une prolongation de l’aspect du passé, il ne devait être l’aspect de rien, et n’être que la conservation des aspects invisibles du passé. Il n’était d’autre beauté que celle du passé, c’était finalement le programme, on interdisait d’autres choix que celui de sa reproduction, ou que celui de la chute délibérée et assumée dans la laideur, image de notre chute hors du passé glorieux produite pour la louange de celui-ci. On voulait convaincre qu’une autre beauté que celle du passé serait mauvaise, et en conséquence plus laide encore que la laideur délibérée qu’on avait décrété pour les jours actuels.

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C’était ne pas se reconnaître tout de suite dans le miroir de l’ascenseur, avoir le visage mal éclairé, par le haut, jaunâtre et vieilli.