dimanche 19 septembre 2010

311 : samedi 18 septembre 2010

Nous nous sommes arrêtés pour aller marcher sur une plage rocheuse, sans autre raison probable que l’envie d’y faire une petite balade malgré le ciel lourd et épais de gris sombre. Ces intermèdes récréatifs n’étaient pas dans nos habitudes, lorsque nous revenions comme cette fois-ci d’une consultation médicale dans la petite ville qui servait de gros centre à la zone où notre village était situé - où il est toujours situé, mais c’est nous qui n’y sommes plus. Nous marchâmes lentement d’un rocher à l’autre en évitant les flaques d’eau de mer, en menant la conversation pour laquelle nous avions estimé qu’une pause était préférable, ou peut-être en ne parlant pas parce que nous n’avions rien de particulier à nous dire, à moins que nous n’ayons alors échangé que des phrases de rien et un long silence gêné. Nous marchions, toutefois, sur les rochers de la plage et sous le ciel lourd et sombre, jusqu’à ce que nous voyions dans un recoin du sol une étrange concrétion animale, un nœud de tentacules rosâtres ou orangées, comme un pompon de laine dont la laine en fil aurait été remplacée par des appendices de chair, aux extrémités desquels se trouvaient des pinces anthracite ressemblant à des coquilles de moules. La chose semblait sans tête et ne bougeait pas. Nous nous dîmes que nous ne savions pas du tout ce que c’était, que nous préférions ne pas savoir, et nous partîmes aussitôt d’ici, quittant la plage et reprenant la route. Je ne sais toujours pas ce que nous avons vu ce jour.