samedi 19 juin 2010

219 : vendredi 18 juin 2010

Sempiternelle ritournelle Je maudirais le jour où je t’ai connu si je ne t’aimais pas tant. Oh, baby ! Qu’as-tu fais de moi, Yeah ! Tu joues avec moi mais sache qu’à jouer avec le feu, on se brûle. Yeah, baby, Yeah ! J’ai le feu, et rien ne saurait l’éteindre. Ne reste qu’à m’étreindre. J’ai les bras ouverts. Come on baby, come on ! I care of you.

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J'avais creusé la terre au milieu du rond sans herbe que la piscine miniature avait laissé au sol. C'était l'été, j'avais creusé plusieurs après-midi, deux ou trois, certainement pas plus de trois. Je m'étais lassé tôt mais j'avais prolongé un peu l'effort pour montrer de la ténacité et de la résolution. Quelques semaines plus tôt, j'étais allé voir une galerie creusée il y a de nombreux siècles dans le sous-sol du bourg du village. Une grotte sous la terre, un domaine réservé. Quelques mois plus tôt, j'avais visité une mine de charbon dans une autre région, et j'avais pu y voir les structures de bois qui en maintenaient ouverts les boyaux et les tunnels. On pouvait vivre sous terre, on pouvait y construire et y avoir un monde, et j'en voulais un, à mon échelle, à l'échelle de ce que je me croyais capable de bâtir à l'âge de dix ou onze ans. J'avais surestimé mes capacités, tant du point de vue des aptitudes techniques que du point de vue de l'endurance et de la patience. On serait descendu à la verticale dans la galerie que je projetais, par une échelle, puis on serait entré dans la salle principale, et au fond, on aurait pu accéder à un observatoire d'astronomie ouvert sur le ciel. Placer un observatoire astronomique sous le sol n'est pas particulièrement judicieux, mais j'étais fasciné par le ciel étoilé, et puisque je voulais me constituer un domaine, il m'importait qu'y figurent des activités qui me semblaient valables ou chères, et que je voulais emporter avec moi. Si mes parents m'avaient cru de quelque façon capable de faire aboutir la construction en creux que je programmais, ils n'auraient pas risqué que je ravage leur jardin ou que je me fasse engloutir sous un effondrement, mais ils savaient bien que je m'arrêterais tôt. C'est parce que je sentais qu'ils le savaient que je continuai un peu plus longtemps, et c'est parce qu'ils comprenaient les raisons de ma légère persévérance qu'ils ne l'empêchèrent pas. Tout se déroula comme prévu, j'en eus assez de creuser, et je replaçai la terre excavée là où je l'avais tirée.