lundi 20 février 2012

810 : dimanche 19 février 2012

Des trains : gris et jaune, bleu et rouge, avec leurs vitres grasses, leurs flancs tagués, leurs mauvais grincements d’essieux, tous bondés d’inconnus qui vont on ne sait où, derrière les fumées des usines d’Asnières, et bien plus loin encore, brinqueballés en petits paquets dociles et frissonnants dans la nuit et la pluie, tout au bout des banlieues cafardeuses, jusqu’aux quais luisants d’autres gares désertes… là-bas, dont on ignore les noms. À elle seule, la gare St Lazare vaut bien des exotismes.

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Les Podophiles ont tout dans les pieds. Le cœur, la bouche, les yeux, les oreilles, l’âme et le point G. Les regarder marcher peut donner la migraine et de légères nausées. Mais leur conversation est reposante.

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Ce sont des petits riens qui s'accumulent. Le réveil du matin qui sonne toujours trop tôt, Marc se retourne en grommelant et relance pour dix minutes plus tard mais Agnès, elle, est réveillée, et ce manque à dormir l'agace. Le soir les placards claquent sans retenue alors qu'elle est couchée et tente de rattraper son déficit en sommeil : elle devrait se réjouir qu'il range mais retient sa rage grandissante de ne pouvoir se reposer. Les réveils nocturnes parce qu'il ronfle, ou se lève pour aller uriner, ou encore que son corps tremble frénétiquement de rêves sur lesquels elle se bouche les oreilles pour ne rien voir, sont pour elle devenus des furoncles insupportables. Agnès est épuisée. Elle trouve cela étrange comme critère de rupture, l'expression "tu me fatigues" a retrouvé son sens propre et elle a beau chercher autre chose elle ne trouve pas. Elle se voit difficilement envoyer Marc seul sur sa route avec ces trois mots d'explication, et pourtant lui donner autre chose relèverait du mensonge...