lundi 13 février 2012

803 : dimanche 12 février 2012

Ce serait une envolée échevelée de petits nuages roses sur le bleu du ciel, comme de grands et légers coups de pinceau, et après avoir pensé Tiepolo (Giambattista – pas Domenico que j'associe au blanc et gris, sans grande raison) je me reprendrais, et corrigerais en baignant dans ce ciel un coin de nymphéas, une petite zone ensoleillée, trou dans une mosaïque de couleurs plus sombres – ce serait d'une suavité sans fadeur, un ciel pour déesses aux belles formes, ou pour une gloire mariale rococo, loin des écœurements du siècle suivant - ce serait une jolie fin de journée, une de celles où on ralentit le pas comme si cela pouvait retarder l'arrivée de la nuit.

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La fièvre colore ses joues et brille ses yeux. La bouche sèche, le corps épuisé, Agnès sombre et respire lentement. À côté d'elle, Marc la regarde et attend que l'aube éclaircisse ses cernes.

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En cette ère là, le village des Hûles ne restait en un lieu que le temps d’être découvert par d’autres humains. De douloureux souvenirs gravés dans la mémoire des anciens et transmis de bouche à oreille, les dissuadaient de toute rencontre prolongée. Il aurait fallu que l’un d’entre eux sache les mots du commerce, ceux de la menace raisonnable, ou bien, à l’inverse qu’il existe dans leur communauté un être à l’étrangeté susceptible, par surprise, de ralentir la convoitise, d’immobiliser dans les esprits la peur de l’autre et de réveiller cette curiosité enfantine qui dort en tout esprit mature. C’est ce dernier personnage que, sans oser en parler autour d’eux autrement que par des regards, une poignée de vieillards, auxquels avait été confié cet espoir, attendaient.