mardi 10 janvier 2012

770 : lundi 9 janvier 2012

Question "velue" : le tableau de Courbet est-il une œuvre d'art ? Dans les jardins publics, sur une pelouse bien verte... Je dois croire en moi-même, car j'écris tous les jours et j'en vis. Ou bien de la sauce au chocolat ? Bons exemples et à mon sens, Courbet se situe entre Duchamp et Manet.

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Chez les Astrolabes, en guise de tournée du patron, c’est un coup de pied au cul et bonsoir Madame ! Vraiment, il faut le voir pour le croire.

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La lumière était partout présente autour de lui. Une lumière à laquelle semblaient mêlées de sombres nuées. Le désir lui vint que cette confusion cesse, que la clarté caresse son corps soudainement affamé et que l’obscurité patiente un peu jusqu’à ce que survienne un espace ou un temps qu’elle pourrait occuper en totalité. Alors les nuées se replièrent sur les côtés puis furent aspirées par la ligne d’horizon. Tamel put goûter avec délice de tièdes lueurs qui baignaient toutes les fibres de son corps. Il s’endormit.

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Elle se penche vers le cercueil. Dans la boite, une petite femme fripée et sèche au teint cireux. Autour, des gens serrés contre leurs larmes effrayées. Ils ont peur de la mort, de ce rappel à la réalité. Ils regardent, la planche, les clous, ils font leurs adieux. Jeanne, elle, regarde pour vérifier que la salope est bien morte.

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Vagues Cela vient par vagues. Sans-doute est-ce pour cette raison qu’elle redoute de mourir noyée. C’est un rappel à l’ordre. Elle doit s’y mettre. Elle a du mal. Elle sait déjà que ses écrits risquent de bouleverser leurs vies. Elle s’en moque, cela fait trop longtemps qu’elle se tait. Ce sera une mise au point, juste ça, pour leur dire, à tous, qu’elle n’est pas dupe, qu’elle ne l’a jamais été, qu’elle a toujours vu, entendu et compris. Une revanche ? Un règlement de compte ? Non ! Elle a trop souffert pour vouloir se venger. Une trace, pour leur montrer qu’elle est différente, qu’elle est consciente du monstrueux gâchis, qu’ils peuvent se vautrer dedans, mais qu’elle ne les suit pas. Elle a pris d’autres chemins sur lesquels il fait bon marcher, plein de senteurs et de couleurs. Ils n’ont pas idée du bonheur qu’elle ressent, même si celui-ci est souvent assombri. Bonheur et tristesse s’entremêlent. Une vie, sa vie dont elle a éloigné coûte que coûte leurs odeurs nauséabondes, leurs histoires sordides, leurs mensonges éhontés. Tout ira bien, se dit-elle, tant qu’elle parviendra à rester à l’écart. Elle s’interroge encore sur le bien-fondé d’une telle entreprise : c’est une partie de sa vie qu’elle a volontairement engloutie. Mais les morts remontent toujours à la surface. La nature humaine est étrange. Elle a appris pendant des années à décrypter les signes avant-coureurs de malaises, engendrés par la remontée de souvenirs. Elle s’est employée à les chasser, puis à les regarder en face, à les analyser. Voyage douloureux, traversée glaciale de paysages fangeux, dans lesquels il est difficile de survivre. Pourtant, elle a survécu, elle a simplement tourné son regard ailleurs, elle a mis des mots sur sa souffrance, elle reste frileuse mais elle a découvert un autre monde. Et c’est là qu’elle a compris : celui dans lequel on l’avait fait vivre était un monde d’épouvante. Ils n’ont rien vu, ils l’ont niée, reniée, pour eux, elle n’était rien. Ils n’ont pas pensé un seul instant que le silence était sa porte de sortie. Longtemps, elle s’est crue dans un rêve, la lumière était trop forte, l’air trop pur, l’ombre s’accrochait à ses pieds. Elle était en mille morceaux mais vivante. Le bonheur est venu doucement, par petites touches, parfois, elle avait l’impression qu’un peintre lui donnait vie, elle appréciait la douceur du pinceau. Elle sait qu’elle a mis du temps à choisir les couleurs, les nuances, le paysage. Le tableau n’est pas achevé, il y manque un morceau. Des vagues, peut-être, quelque part…