C'était
s'attarder quelques minutes, en nettoyant les objets juchés sur le chiffonnier
devant une coupe en céladon de Yué, belle des rêves que j'y ai posés, belle de
la beauté des meilleures, elle qui n'est qu'une copie assez humble et trop
brune, du début du 19ème siècle je crois, regretter de lui avoir donné cette
place qui ne permet pas de plonger les yeux à l'intérieur, se féliciter de
l'avoir fait parce qu'il lui manque cette transparence-vie des céladons les
plus clairs, les plus verts. C'était par la grâce du nom retrouver ces
après-midi de dimanche, perdue en contemplation, quand je me ressourçais, de
poterie en poterie, dans la salle de la collection Grandidier du musée Guimet,
se souvenir de la petite impatience en sortant du métro, le petit tour par la
salle de statuaire khmer au rez-de-chaussée, et puis monter et se laver de
toutes les scories des jours précédents en s'attardant de longues minutes
devant la verseuse en céladon un peu terne à tête d'oiseau, une coupe blanche
au lotus, une petite verseuse au décor végétal en route de cuivre, le bol brun
fourrure de lièvre, un bol d'un rouge sombre vivant de l'approfondissement de
la couleur, une amphore dont la couverte beige craquelé laisse une grande zone
irrégulière libre, la vasque en grès bleu virant au brun sur les arêtes,
d'autres encore, en accélérant à partir du 17ème, ne faisant exception que pour
une statuette en blanc de chine, les vases rouleaux en bleu et blanc et les
céladons clairs et transparents, presque translucides.