« Oracle, c’est un métier ». En me prenant comme apprenti, le Grand Prêtre ne m’avait pas parlé des odeurs… Et me voilà maintenant devant un demi-agneau qui a déjà commencé à se décomposer dans la chaleur étouffante de cet après-midi d’été. Dans les boyaux qui s’entremêlent en une marmelade peu ragoûtante, je ne parviens à lire que l’amateurisme du sacrificateur. Sans doute un mauvais boucher en reconversion. L’odeur est tellement forte qu’un haut-le-cœur me retourne de l’intérieur et je retiens avec peine mes sucs, bouche pincée. Mais voilà qu’arrive le moment où je dois psalmodier ! Je ravale une partie et crache le reste, sans savoir qu’en cet instant, sous le regard des dieux, je scelle le destin d’un de mes lointains descendants qui découvrira le nom de ces bactéries qui officient, elles, à une tout autre échelle, sous mes yeux.