C'étaient les abricots retour de marché se gorgeant de soleil dans un plat posé sur le ciment du balcon. C'était partager en soeurs la lecture d'un journal que ne lirais pas s'il existait encore, celui qui avait repris le nom rendu glorieux par Zola. C'étaient les pages étalées au sol devant la porte fenêtre ouverte. C'étaient nos corps à plat ventre, têtes posées sur bras accoudés. C'était la tiédeur délicieuse des tomettes sous le ventre et les cuisses. C'était lever les yeux parfois, pour chercher à comprendre, ou par ennui, sur les pins dégringolant avec le boulevard vers le littoral, et la silhouette vague du sémaphore au bout de Saint Mandrier, ou l'idée de la présence du sémaphore, ou rien. C'était une voix d'adulte qui surgissait avec le bruit de la porte d'entrée refermée – ces portes palières de notre midi qui s'ouvrent avec une béquille comme une porte de chambre – c'était une voix qui saluait les beaux coups de pied à donner dans nos fesses ou culs ou, comme elle le disait, nos postérieurs.